samedi 24 octobre 2009

Enfin chez soi!

Comme vous avez pu le deviner dans les messages précédents, je suis désormais bien installé, dans un ravissant appartement proche du centre ville de Montréal, exactement ici (pour les personnes nées avant 1980, cliquez sur le mot "ici", et, par la magie de l'internet, vous verrez apparaitre une carte mon adresse dessus). Mes colocataires sont au nombre de trois, Français, et tous trouvés plus ou moins par hasard. Une étudiante en Sociologie, une autre en Sciences Politiques, et un entraineur de natation: malgré (grâce à?) la diversité des profils, tout se passe pour l'instant réellement bien, et me voilà bien armé pour passer à travers la "dépression hivernale", tant redoutée intra-périphérique! Pourtant, les conditions de celle - ci sont pour l'instant toutes réunies: la température descend de plus en plus fréquemment en dessous des 0°, de la dépouille des arbres, l'automne a désormais jonché la terre, et la pluie tristounette qui imbibe les journées me trend très attrayante la perspective des premiers flocons.

Heureusement, les examens, négociés tant bien que mal, sont désormais derrière moi, bien que la charge de travail soit toujours relativement importante. En effet choisi de mettre à profit ce premier semestre pour prendre des matières que je n'aurais pas pu étudier à Sciences Po. Toute quatre sont fort intéressantes, mais j'ai eu dans un premier temps un peu de mal à m'adapter au système nord américain. Celui ci est dans un sens moins stressant qu'à Sciences Po, car beaucoup moins axé sur la remise régulière de travaux notés et de présentations orales, mais nécessite en contrepartie la lecture de très nombreux textes (environ 200 pages par semaine et par cours) essentiels à la compréhension du cours.
L'avantage de ce système est qu'il permet vraiment d'aller "au fond des choses", et d'acquérir des bases très solides dans le domaine d'étude du cours, là ou les cours à Sciences Po sont parfois (souvent) critiqués pour leur superficialité. Cependant, l'accent mis sur un petit nombre de textes "de référence", ainsi que le nombre limité de travaux et de présentations à rendre, donne beaucoup moins de latitude à l'esprit critique de l'étudiant, et est de manière générale moins stimulant intellectuellement. De plus, bien que les étudiants soient encouragés à participer et à donner leur opinion durant le cours, d'ailleurs pas toujours de manière très pertinente, les examens et évaluations sont surtout une occasion de "recracher" les concepts du cours en un temps limité. Éternel débat entre les "têtes bien faites" et les "têtes bien pleines"!
Cependant, bien que les lectures soient assez rébarbatives, les cours magistraux en eux même sont souvent assez agréables, aérés et "ludiques". Ainsi, les étudiants canadiens vont en cours avec souvent bien plus d'entrain que leurs équivalents français, le cours magistral ayant une réelle valeur ajoutée, les professeurs étant souvent des chercheurs très renommés dans la discipline qu'ils enseignent, comme c'est le cas dans les quatre cours que j'ai choisi: "Social Change In Modern Africa", "Economics of Climate Change", "United States After 1965" et "Earlier 18th Century Novel". Le fait que les professeurs soient chercheurs et donc souvent rattachés à une "école de pensée" rend ainsi les cours sans doute moins objectifs, mais beaucoup plus passionnés, et bien plus passionnants! J'ai ainsi assisté plusieurs fois à des débats houleux en cours, sur l'efficacité du marché dans la lutte sur le changement climatique dans mon cours d'économie, ou sur les justifications culturelles de l'excision dans mon cours d'anthropologie.
Ma seule petite déception concerne mon cours de littérature. J'y avais été attiré par le programme des oeuvres à étudier, toutes de grands chefs d'oeuvres de la littérature du premier XVIIIeme, mais le cours en lui même s'est malheureusement révélé être parfaitement inintéressant, le professeur ne faisant que lire et paraphraser des passages de textes qui s'en seraient bien passés.
Mis à part ce petit bémol, le bilan de ma vie étudiante montréalaise est donc globalement positif, et m'a permis de découvrir de nouvelles matières et de nouvelles méthodes de travail.
Pour mes frasques extra académiques, je remettrai ça à un prochain billet!

Les affaires reprennent

Voilà donc plus d'un mois que je n'ai pas écrit sur ce blog. Overdose de travail, retour en France aussi chargé en fatigue qu'en émotions, puis ré acclimatation bien difficile en pleine période d'examens: les raisons sont toujours nombreuses pour justifier l'injustifiable, expliquer l'inexpliquable et imputer l'imputable.
Maintenant que je vous ai extirpé votre pardon, je vous dois donc des réparations, et pour celà, quoi de mieux que de nouvelles parutions!



lundi 14 septembre 2009

[Propriétaire],

Etant donné que vous n'êtes pas venue au rendez vous que nous avions fixé aujourd'hui à 7h, que notre machine à laver le linge ne fonctionne pas depuis maintenant deux semaines, que notre lave vaisselle fuit toujours sur le parquet et que nous n'arrivons pas à vous joindre, nous allons demain prendre rendez-vous avec un réparateur de machine. Pour le remboursement des frais engagés, nous vous proposons de vous envoyer la facture, ou d'en déduire le montant du loyer du mois d'octobre. Dites nous quelle solution vous conviendrait le mieux. Par ailleurs, je vous signale que j'ai bien reçu l'alèze ainsi que l'édredon du lit de la petite chambre; cependant, il me manque encore les draps.

Cordialement,

Henri.

samedi 12 septembre 2009

Petite annonce.

Pour ceux qui se posent la question, j'ai commencé les cours et j'ai trouvé un appartement! Mais je préfère attendre d'être complètement installé pour vous raconter toutes les petites péripéties qui me sont arrivées à ce sujet, parce que ce n'est sans doute pas fini!

vendredi 11 septembre 2009

Un vélo dans la ville

C'était l'automne. Un automne ou il faisait beau. Une saison qui n'existe que dans le nord de l'Amérique. Là bas, on l'appelle l'été Indien. Je marchais dans une rue, un peu comme celle ci d'ailleurs. Les parfums faisaient frissoner ma narine, le soleil réchauffait ma poitrine. Et je me souviens, je me souviens très bien de ce que je me suis dit ce matin là...

Qu'il serait, convenez en, fort regrettable d'abandonner chaque matin, après dix minutes de marche rapide et virile, une si poétique impression aux portes du métro montréalais, avec sa moite odeur de renfermé et un temps d'attente souvent horripilant (toutes les 7/10 minutes environ).
Répugné par ce contact quotidien avec la plèbe, je cédais donc aux sirènes de l'individualisme et décidais d'investir dans un vélo. Le mollet frémissant, me voilà donc parti pour "SOS vélo" (une association qui retape des vieux vélos pour refiler les bénéfices à des nécessiteux <== bisounours), pour en ressortir vingt minutes plus tard juché sur un vieux biclou des années 70 sur lequel j'avais flashé. Vitesses sur le cadre, potence retournée, roues au diamètre sous dimensionné: le coeur a ses raisons que la sécurité ignore, et les premiers trajets sont de vrais exercices d'équilibrisme! Ma monture vacille à chaque battement de paupière, et me décoche une ruade dès que je lui caresse l'encolure pour changer les vitesses (quoi, pourquoi est ce que le vocabulaire beauf serait réservé à la bagnole?).
Mais il suffit au cycliste d'engager une roue dans une rue carossable pour comprendre qu'il n'a encore rien vu, bien que sa brève expérience de piéton lui ait permis de comprendre un peu mieux le cerveau malade de l'automobiliste montréalais (une quille dans un jeu de bowling doit ressentir a peu près les mêmes émotions qu'un pièton sur un passage, a part que les boules de bowling n'accélèrent pas quand elles sentent qu'elles vont manquer leur cible). Pas étonnant qu'ici, les voitures s'appellent des "chars". Le concept de la voiture automatique a ici été parfaitement intégré. Un point de départ, un point d'arrivée: le conducteur peut enfin se concentrer sur son accelerateur. L'esprit occupé par sa conversation téléphonique et la vue obscurcie par la fumée de cigarette qui envahit sa tourelle de tir, il semble que le conducteur montréalais soit indifférent a tout obstacle de moins d'1 mètre de diamètre qui oserait s'interposer sur sa belle ligne droite et briser l'immuable fixité de son compteur de vitesse bloqué sur la ligne des cinquante. A moins d'entamer une cure d'obésité pour espérer être remarqué, le cycliste est en danger, du moins lorsque ses talents d'esquive sont moins développés que l'aveugle confiance de l'automobiliste dans son système de frein. De plus, ce dernier ne dérogerait pour rien au monde à cette coutume internationalement partagée de l'automobiliste beauf: celle de transformer chaque passage piéton en espace de test de son propre embrayage, en grignotant centimètre par centimètre l'espace qui le sépare du feu ayant eu l'impudence de se présenter sur son chemin, et ce avec forces rugissements de moteur et en feignant d'ignorer piétons et cyclistes qui se situeraient entre son pare buffle et la ligne d'arrêt. Lorsque qu'il a broyé suffisamment de bêtes non motorisées pour grimper d'un niveau dans l'échelle de la plouquerie, le beauf est alors souvent capable de compter au millième de secondes près le temps qui sépare le rouge du vert, pour pouvoir faire bondir son tank au plus léger pâlissement de l'écarlate, emportant avec lui les quelques imprudents qui ne se seraient pas résignés à passer toute leur vie d'un seul côté de la rue.
Parfois, les débris humains des cyclistes novices trouveront dans la vulgarité et les signes obscènes une maigre consolation. Mais (a l'instar d'ailleurs de leurs équivalents belges), les automobilistes québecois développent systématiquement une étrange réaction face à l'insulte du cycliste qu'il vient d'envoyer dans le caniveau parce qu'il "ne l'a pas vu", à savoir un sourire béât, bonhomme et presque bienveillant. A croire qu'un doigt d'honneur est la marque de déférence la plus élevée qui existe dans cette ville.

Vous aurez certainement reconnus dans les quelques lignes qui précèdent mon gout exagéré pour la mythomanie et l'exagération. Malgré mes espoirs déçus quand à la sagesse de la circulation en Amérique du Nord, je suis très content de mon vélo, après un temps de prise en main un peu difficile! Je me suis même arrangé avec le vendeur pour qu'il m'installe des pneus cloutés (et oui, ça aussi, ça n'existe que dans le nord de l'amérique!) dès les premiers frimas!

vendredi 4 septembre 2009

Chez Jean.











Mon passage à l'auberge chez Jean restera sans doute comme un des moments marquants de cette année à Montréal. En effet, cette auberge a indéniablement quelque chose de différent. L'auberge chez Jean, vous l'adorerez, ou vous la détesterez.
Vous adorerez d'y trouver toujours une place de libre, ou vous détesterez de devoir dormir sur un matelas miteux/ des lits bricolés en plein air sur la terrasse/ un combi wolkswagen modifié (non, ça c'est plutôt marrant)/ un hamac.
Vous adorerez de partager un lit avec une jolie demoiselle, vous détesterez de partager la couche d'un suisse saoul comme une barrique.
Vous adorerez les rencontres formidables que vous y ferez, vous détesterez les couples illégitimes se rendant coupable de relations illégitimes à des heures illégitimes, avec forces bruits illégitimes.
Vous adorerez les conversations philosophiques, politiques et éthyliques jusqu'à deux heures du matin, vous détesterez de ne pas pouvoir dormir jusqu'à cette même heure lorsque vous avez cours dès potron minet.

Quelque part, je regrette de ne pas avoir, du fait de mes recherches intenkives de logement, assez profité de ces quinze jours passés à l'auberge chez Jean pour faire plus de rencontres, de sorties... Néanmoins, même si cette auberge ne paye pas de mine et m'a réservé quelques désagréables surprises (punaises de lit, matelas défoncés, télévision qui beugle jusqu'à une heure du matin...), j'y aurais rencontré des gens formidables, qu'ils soient voyageurs en quête de grands paysages, auto stoppeurs (le cas d'une jeune belge charmante et courageuse qui a parcouru seule le québec en stop pendant deux mois, s'arrangeant pour loger et manger chez les gens, le genre de choses qui pour moi n'existait guère que dans les romans d'aventure du XIXeme...), étudiants ou jeunes professionnels venus commencer ou recommencer leur vie dans un pays ou on ne leur demandera pas d'où ils viennent.

jeudi 3 septembre 2009

Ceci n'est pas une fraise tagada

Journée type entre le 20 et le 27 Aout, Henri se regarde dans la glace en se levant le matin, les paupières bleues et le regard vitreux.

Tu sais quoi mon vieux: t'es NUL. Déja 10 jours à Montréal et pas une piaule qui se libère. Pourtant, j'ai réduit mes exigences. Le petit appart pas cher sur le plateau, avec des colocs jeunes et sympas, c'était peut être un peu utopique... Avis aux queers, végétariens, coprophages (http://montreal.en.craigslist.ca/roo/1354424398.html), joueurs de boules et porteurs de sandalettes: je cherche un logement et je suis OUVERT A TOUTES LES POSSIBILITES.
Et puis en plus t'es MOCHE. Déja 10 jours dans cette auberge de jeunesse. C'est à peu près le nombre de piqures de punaises par centimètre de peau. Et va expliquer ça a tous les connards de l'auberge qui se foutent de ma gueule parce que je sors dehors en chemise et pantalon par 32° à l'ombre...
Le mot est dit: t'es CON. Et puis bravo l'idée de dormir en col roulé et chaussettes de chasseur tyrolien. Bonjour la tête de fraise tagada...

mercredi 2 septembre 2009

Pourquoi remettre à demain ce qui peut l'être à après demain?

J'ai malheureusement du mettre ce blog en sommeil afin de me concentrer sur ma recherche de logement, la tentation de la procrastination étant d'autant plus grande que l'exercice en question est déprimant et chronophage...
Me voilà donc avec une mââsse de choses à raconter, et, première semaine de cours oblige, pas tant de temps devant moi que ça!
Plutôt que de vous infliger un long résumé qui serait pour moi aussi pénible à écrire qu'il le serait pour vous à lire, je me suis dit qu'il serait plus amusant de raconter cette semaine en une suite d'anecdotes représentatives de mon humeur du moment!

dimanche 23 août 2009

Etrangers dans la nuit

4.00 heure locale, une musique aux sonorités étrangement modernes s'extirpe avec forces grincements de la caisse d'une guitare Yamaha, sous le plectre hésitant d'un musicien de rue. Une grappe de touristes en uniforme d'été. Soleil mordant. Pas de répit pour les glandes de sudation. Ni pour le combo sandales chaussettes des apprentis mélomanes. Un peu en retrait, le regard noble et hautain (avec juste ce qu'il faut de condescendance), le port altier, un vieux sage, un bel éphèbe, une vestale.

- Mon fils, dit l'ancien - le regard encore pétillant derrière ses fines lunettes - voici un des plus beau morceaux de la musique traditionnelle du grand siècle français: Étrangers dans la nuit.
- Qu'est ce que ça peut être joli la guitare, lorsque c'est bien joué, répondit le fringant jeune homme. Y'a pas à dire, la musique traditionnelle française, c'est quand même ce qu'on a inventé de mieux depuis le roquefort et la poutine. Et puis on sent que la musique américaine s'en est quand même grave inspirée!
- Évidemment ducon, c'est Strangers in the night...

OK... Papa 1, Henri 0

C'est par ce dialogue représentatif de l'esprit du séjour, et au son de cette musique représentative de l'esprit de la ville que Philippe, Henri et Laure, O'Quin de leur patronyme, inaugurent leur arrivée à Québec (après quelques jours passés en cette bonne ville de Montréal), après un trajet de 3h sur une route désesperement droite. A noter, une timide tentative de la part du paternel pour respecter les limitations de vitesse, vite oubliée du fait des très frustrants dépassements par les énormes trucks à l'américaine (les Québecois partageant avec leurs "cousins" Français une facheuse tendance à considérer les limitations de vitesse comme des suggestions interessantes que l'on pourrait envisager de respecter si l'on avait le temps).
Fourbus du voyage, nous nous installons dans un hotel "concept" (un hotel normal, mais avec du mobilier carré et une musique de fonds sous marins dans les couloirs). Laure nous déride alors en nous offrant un grand spectacle d'humour, en essayant dans un premier temps d'ouvrir la serrure à carte avec la mini clef du mini bar, puis, sans se décourager, brandir la même clef quelques minutes plus tard en s'écriant qu'elle avait trouvé la clef wifi...
Bref, trêve de mesquineries, revenons à Québec, la ville capitale!

Une belle ville Québec, y'a pas à dire. Un genre de Saint Malo, mais de l'autre côté de l'Atlantique! (D'ailleurs, un grand nombre de lieux dit de la région portent des noms bretons, témoignant de l'ascendance bretonne ou basque des marins et de la soldatesque qui jadis formèrent le cœur de la population de la ville) . Saviez vous que c'était la seule ville fortifiée d'Amérique du Nord? Et puis pas des fortifications de fif, mais de bonnes grosses murailles à la Vauban, comme on en fait à la maison! Et pour couronner le tout, une citadelle bourrée de canons jusqu'aux ratiches. Mais une citadelle, pour quoi faire, madame la guide?
Et bien pour bousiller du Français, bien sûr! En effet, après la bataille des plaines d'Abraham, qui se déroulât aux portes de Québec et vit la défaite des armées de Louis XV le [pas doué] bien aimé, les vilains britanniques, moins pingres que leurs ennemis mangeurs de grenouilles, décidèrent de mettre un paquet de flouze pour défendre le Mont Diamant (qui tire son nom de ce benêt de Jacques Cartier qui voulut fayoter en ramenant au Roi un plein bateau de "diamants", qui se révélèrent n'être que de vulgaires cailloux brillants, d'où l'expression "faux comme diamant du Canada") et construire une considérable citadelle pour se prémunir d'éventuelles tentatives de reconquête. Tentatives d'ailleurs fort hypothétiques, Louis XV n'étant que trop contente d'abandonner le Canada Français, préférant utiliser nos maigres impôts pour acheter des robes à froufrou à la dauphine et développer Saint Domingue (aujourd'hui Haiti), ex- plus prospère de nos isles à sucre et futur pays le plus pauvre du monde (ça, c'est mon Papa qui me l'a dit!).
Bref, en 1763, après le Traité de Paris, la Nouvelle France avait vécu. Fuyant l'occupation britannique, les nobles, bourgeois et riches commerçants reprirent le chemin de la métropole, abandonnant la vaste majorité aux griffes des grands bretons (j'exagèrent, ils se sont plutôt pas trop mal comportés, en leur permettant assez rapidement, certes devant le poids du nombre et à la suite de rebellions populaires, de conserver leur langue, leur religion et leur culture). Aujourd'hui encore, le Québec garde cette impression amère d'avoir été trahi par ses élites et par sa métropole, qui l'abandonna à son sort et s'en désintéressa sans même l'esquisse d'un regret. De ce fait, tout Français ayant une once d'orgueil national ne peut pas s'empêcher d'éprouver la morsure de la culpabilité à la vue de la devise "Je me souviens" qui orne toutes les plaques d'immatriculation de la belle province.

Ca, c'était le moment histoire.

mardi 18 août 2009

Bitru gère son budget.

Une fois ses valises posées, son loyer payé et l'accent canadien par lui moqué, le temps est venu pour ce bon vieux Bitru de se refaire une santé.
Fort de ses habitudes, et bien décidé à défendre l'art de vivre à la française envers et contre tout, Bitru s'attelle à la préparation d'un bon repas bien Français, tel que cette bonne vieille Maïté n'aurait pas à en rougir (toute rougeaude qu'elle soit).
Malheureusement, la chance ne sourit pas à ce pauvre Bitru: visiblement, la densité de boulangerie au kilomètre carré (unité typiquement bitruique pour calculer le degré de vivabilité d'une ville) n'excède guère 3 ou 4 unités. Néanmoins, une fois la concurrence évaluée (Bitru n'est pas un touriste comme un autre, lui, il ne se fait pas avoir, non mais!), il fait son choix et se décide pour une baguette parisienne.
Seulement voilà, en plus de n'avoir de parisienne ni la provenance, ni le gout, la scélérate baguette déleste ce pauvre Bitru de deux précieux dollars!
Mais puisqu'il faut bien vivre, notre patriote compère se dirige vers la gargote la plus proche, ou il commande un poulet chasseur, arrosé de l'indispensable bouteille de Bordeaux. Calice! Impudent! Voleur! En France, ça ne se passerait pas comme ça! Ténardier! 50 dollars pour un vulgaire casse croute! Rouge de colère et de pricrate, ce bon vieux Bitru allonge néanmoins la somme due, jurant, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus. S'ensuit une gerbée de jurons vulgaires que nous ne reproduirons pas ici, mais dont le lecteur averti et pervers se fera facilement une idée.
Bref. Ne nous écartons pas et revenons à ce rude Bitru. Tout ébaudi par ces émotions, ce dernier a déja pétuné la cartouche qu'il a acheté en Duty Free a l'aéroport (le Bitru est futé, et paye déja assez d'impôts comme ça). Il se dirige séant vers la "Tabagie" la plus proche, afin de faire l'acquisition du traditionnel et Bitruesque paquet de gauloises brunes (sans filtres, car le Bitru en a marre d'être infantilisé par l'état, et de toute façon, ca sera toujours ça de retraites en moins à payer pour les mioches). Quoi? 8 dollars? Pour un paquet de clopes? Est ce que vous savez, monsieur le burelier, que chez nous, en France, des somaliens sous alimentés vous vendent les mêmes à deux euros aux puces de clignancourt? OUI JE SAIS, ON N'EST PAS EN FRANCE, ÂNE!!! (Non, il a pas dit ça, mais c'était vraiment trop vulgaire)

Bref, je met fin à ce délire qui, comme mon perspicace et subtil lecteur l'aura deviné, n'a jamais existé que dans mon cerveau malade. Quelle maxime, quel enseignement le lecteur toujours en quête de dépassement et de nourriture spirituelle peut il néanmoins tirer de cette fable?
Tout simplement que le maintien de sa bourse dans un état de santé convenable exige de lui qu'il abandonne définitivement l'idée de reproduire dans la belle province son mode de vie germanopratin, fait de triples expressos, de 100s à bout blanc et de martini-blanc-shaken-not-stirred, pour sourire à pleine dentition aux McCroquettes (car le patriote québecois traduit même les menus de McDo!) et au Cheddar "en crotte" (petites boules de fromage sans gout qui font "couic" sous la dent). Pour se consoler de cette morne perspective, l'étudiant parisien pourra néanmoins trouver un secours appréciable dans la très correcte boréale (bière canadienne), au prix plus qu'intéressant.
Partageant néanmoins avec son caricatural compatriote Bitru la légitime envie de ne point se faire empapaouter comme un touriste anglais par le premier commercant venu, l'étudiant parisien a cependant fini par se demander pourquoi le volume de ses notes de restaurant (comprendre "le prix de ses menus McDo") et le prix de ses menus achats gonflait quasi systématiquement lors du passage en caisse. Et paf pastèque! Le Français moyen qui sommeille en lui finit par tilter: ce sont les IMPOTS! On nous vole! Mes écus, mon vélo! Désormais mon grand benêt, plus jamais tu n'oublieras d'ajouter les 15% de taxes prédatées par l'Etat sur chaque achat que tu feras, lesquelles taxes ne sont quasiment jamais comprises dans les prix affichés.
Enfin, puisqu'il désire définitivement s'affranchir de l'étiquette "touriste con" qui colle à son front moite (le mercure frolant toujours avec insolence avec les 30°), le Henri, tout radin qu'il est, doit enfin se résoudre à filer avec réticence leurs 10% à 15% de pourboires à chaque taxi ou serveur auquel il aura affaire (ça tombe bien, il est trop radin pour prendre le taxi). Le pourboire est en effet une institution à Montréal, et son destinataire légitime ne manquera pas de tancer vertement un Henri encore peu au fait des us et coutumes de la belle province.

Une fois ces diverses recommandations assimilées, le touriste ouvert au mode de vie local, adaptable, un tant soit peu aimable et forcément enchanté de la gentillesse de la plupart des commerçants se rendra sans doute compte que le cout de la vie reste bien inférieur à celui de Paris, et ira savourer une bonne Poutine (plat québecois qui fera peut être l'objet d'une prochaine note) sur les flancs du Mont Royal (bisou bisou, bisou bisounours!)

lundi 17 août 2009

T. réelle 32°, humidité 50%, T ressentie 40°: Bienvenue à Montréal!

C'est par ces quelques mots que notre aimable chef de bord salue notre arrivée à Montréal, après un vol fort agréable: pas de mioches criards, pas de voisin obèse, pas de vieille dame glapissant à chaque trou d'air. Avec, en bonus, une voisine ayant l'avantage considérable d'être végétarienne (cette tare habituellement honteuse se transformant en bénédiction lorsqu'il s'agit d'offrir généreusement son plat principal à base de viande à son charmant voisin Français, aussi carnivore qu'affamé.)
Une fois le tarmac baisé et les bagages récupérés, je me dirige vers le bureau de l'immigration ou je peux à la fois obtenir mon permis d'étude et savourer mon premier contact "en live" avec l'accent québecois, délicieusement exotique pour le parisien que je suis.
Je rejoins ensuite la station centrale de Montréal par l'aérobus, au frêle chauffeur duquel je déconseille d'essayer de porter mon imposante valise. Direction: l'auberge de jeunesse, rejointe grâce aux indications des nombreux montréalais qui m'accostent spontanément pour me proposer leur aide.
Venons en, à cette auberge: située dans le quartier du "plateau" (le quartier étudiant de Montréal, très "bohème" mais pas bourgeois pour un sou), c'est une espèce de joyeux bordel, avec des tentures en guise de mur afin de séparer les "chambres". Le responsable m'attribue d'office un lit sur une mezzanine surchauffée, qui surplombe la salle commune. L'ambiance est très internationale, très sympa et très... bruyante, donc peu propice au sommeil du jet-laggué (moi). Cette auberge accueillant apparemment surtout des jeunes de passage pour une courte durée, la responsable m'a proposé de me diriger éventuellement vers des auberges un peu plus tranquilles. A voir.
En attendant, je vais découvrir la ville, campé sur mes petites pattes engourdies: au milieu des vapeurs de barbecues et de la torpeur ambiante se dégage l'impression d'une ville "cool", dont le caractère à la fois "cheap" et négligé tranche avec le snobisme germanopratin. Buildings imposants, avenues tirées au cordeau: Montréal est définitivement une ville Nord Américaine, mais avec ce petit "je ne sais quoi" de latin qui fait sa différence, des gargotes à tous les coins de rue aux vélos roulant sur les trottoirs.

Blog cherche raison d'être

J'ai quelque peu hésité avant de me décider à ouvrir ce blog: n'étant ni une adolescente méchue, ni un homme politique bordelais déchu, je ne voyais pas vraiment de raison de m'astreindre à cet exercice nécessairement régulier mais dangereusement narcissique. Si je cède à la tentation, ce n'est pas, comme le diront les mauvaises langues, pour laisser libre cours à ma considérable fatuité, mais pour satisfaire la curiosité de la frange technophobe de ma famille, qui "ne veut pas avoir un facebook" afin d'éviter d'être traqués par le Mossad ou de voir publiées en ligne des photos de leur enfance débauchée, tout en pôuvant suivre l'énoncé de mon quotidien montréalais et de mes études à l'université de McGill (décalage horaire et tarifs téléphoniques "dispendieux" obligeant à limiter ce type de communication...)